Evalué comme le deuxième meilleur épisode de la série par les lecteurs du site IMDB (8,8/10) derrière « Blanc comme neige » (9,1/10), l’épisode « Hang the DJ » de la série dystopique Black Mirror fait toujours parler plusieurs années après sa sortie.
Diffusé pour la première fois en 2017, il dresse une certaine critique des nouvelles applications de rencontres pour célibataires, et laisse s’interroger sur l’évolution des relations amoureuses dans le futur, en lien avec la technologie.
Retrouvez les informations complètes sur cet épisode Hang the DJ devenu culte, le résumé commenté de l’histoire, des anecdotes inédites, les liens avec d’autres œuvres, et notre critique et analyse !
A propos de Hang the DJ (« Pendez le DJ » en V.F.)
Genre : Comédie romantique et de science-fiction, dystopie.
Thèmes : Célibataires. Applications de rencontres. Addiction à la technologie et assistanat. Blind date. Disparition du hasard et du romantisme au profit de la technologie. Rencontres artificielles. Relations mécaniques. Coups d’un soir. Disparition de l’empathie naturelle. Surveillance. Libre arbitre. Amour. Destin.
Synopsis
De jeunes célibataires expérimentent un nouveau système de rencontres, géré par un appareil électronique du nom de « Coach ». Chaque relation proposée possède cependant une date et heure d’expiration. Mais Frank et Amy vont vite se retrouver frustrés par ces règles.
Infos techniques
Episode 4 de la Saison 4 de la série anglaise Black Mirror (22 épisodes sur 5 saisons)
Première diffusion : 29 décembre 2017 (Netflix)
Durée : 54 minutes
Réalisation : Tim Van Patten
Après une courte carrière d’acteur (1982 à 1989), Tim Van Patten s’est consacré à la réalisation depuis 1996. Il n’a à ce jour œuvré que pour des séries télévisées (dont Les Soprano, The Wire (Sur écoute), Sex and the City, Deadwood, Rome, Games of Throne, ou encore Boardwalk Empire pour laquelle il a obtenu un Emmy Award en 2012.
Script : Charlie Brooker (créateur et producteur de la série).
Musique : Alex Somers / Sigur Rós (célèbre groupe islandais de post-rock), auteur de deux pistes (End, et Match).
Autres Crédits musicaux : « Moonlight bossa » (par Colin Sheen, Derek Watkins et James Talbot), « Panic » (par The Smiths), « Dalia » (par Jennifer Left), « End » (par Sigur Rós).
La bande originale est sortie en vinyle par Invada Records.
La chanson de fin (dans le bar) est « Panic » de The Smiths, dont le titre de l’épisode est issu (voir plus bas).
Distribution : les acteurs de Hang the DJ
On retrouve un casting 100% britannique.
Frank : Joe Cole
Né le 28 novembre 1988 à Londres.
A la télévision on aura pu voir Joe Cole dans plusieurs séries depuis 2010 dont Peaky Blinders où il jouait le rôle de Johnny Shelby. Il a également tourné pour le cinéma depuis 2012.
Avant d’être acteur il a été vendeur de tapis et de café, et a connu quelques déboires (il a même été arrêté une fois).
Citation :
« Si un alien arrivait depuis Mars et qu’il nous voyait prendre des selfies et tout ça, je pense qu’il s’en irait vite. Il penserait qu’on est tous fous. »
Amy : Georgina Campbell
Née le 12 juin 1992 à Maidstone.
Georgina Campbell est essentiellement une actrice de télévision (depuis 2009). Elle a remporté un BAFTA TV Award de la meilleure actrice pour son rôle dans « Murdered by my boyfriend. » On a aussi pu la voir dans Broadchurch.
Elle a fait une apparition au cinéma en 2017 dans Le Roi Arthur, La légende d’Excalibur de Guy Ritchie.
Georgina mesure 1m68.
Lenny : George Blagden
Né le 28 décembre 1989 à Londres.
Depuis 2012, George Blagden aura eu quelques petits rôles au cinéma notamment dans La colère des Titans ou Les Misérables (dans le rôle de Grantaire). A la télévision il sera apparu dans Versailles (dans le rôle de Louis XIV) et Vikings où il tient le rôle récurrent d’Athelstan. Acteur de théâtre, on a aussi pu le voir sur les planches à Londres depuis 2016.
En plus de ses talents d’acteur, George parle couramment français, joue de plusieurs instruments, pratique le snowboard, le tire à l’arc, l’acrobatie, et chante depuis qu’il a 13 ans.
Il est également actif pour la cause contre le diabète. Entre le 4 et le 6 septembre 2015 il a rallié Paris depuis Londres en 72 heures en vélo, levant 5 000 £ de dons.
Nicola : Gwyneth Keyworth
Née le 15 septembre 1990 à Aberystwyth.
En dehors de courts métrages, on aura pu voir la Galloise Gwyneth Keyworth dans deux films en 2012 et 2014. Plus présente à la télévision, on aura pu la voir notamment dans Game of Thrones ou The Crown.
Coach (voix) : Gina Bramhill (en V.O.)
Gina Bramhill est actrice au cinéma et à la télévision depuis 2010, notamment vue dans Sherlock ou Us.
Et aussi : Jessie Cave (Edna), Luke Manning (Mike), Tim Pritchett, Alex Tamaro, Che Watson, Bruce Chong, Anna Dobrucki.
Doublage de la version française : BTI Studios. Angélique Heller (Amy), Sébastien Mortamet (Frank), Emilie Charbonnier (Coach), Marc Wilhelm (Lenny), Sophie Tavert (Nicola).
Récompenses
- Nommé pour le « Best Single Drama » aux BAFTA Awards.
- Nommé pour le meilleur acteur (Joe Cole) aux BAFTA Awards.
- Nommé pour le meilleur auteur pour un drame (Charlie Brooker) aux BAFTA Craft Awards.
- Nommé pour la meilleure actrice dans une série (Georgina Campbell) aux Black Reel Awards.
Quelle est la signification du titre « Hang the DJ » ?
Le titre Hang the DJ provient du refrain de la chanson « Panic » du groupe The Smiths. Morrissey et Johnny Morr auraient écrit cette chanson après avoir entendu un animateur sur la BBC Radio 1, annoncer la catastrophe de Tchernobyl puis enchaîner par une chanson pop insipide. Choqués par ce détachement d’une telle actualité, de ce manque de tact et de sensibilité, et rejetant cette musique mal choisie pour eux, The Smiths appellent donc à « pendre le DJ » à plus de 30 reprises dans leur chanson.
A noter qu’en anglais britannique, « go hang » veut aussi dire que l’on se moque de ce que la personne dit ou fait à propos de quelque chose, ce qui colle là-aussi avec la rébellion des deux héros de l’épisode, qui finissent par ne plus être convaincus par la « playlist amoureuse » que leur décide et organise le Coach, le système.
On entend la chanson à la toute fin de l’épisode, dans le bar.
L’histoire de Hang the DJ en bref
Dans un futur proche, une nouvelle application de rencontres est censée permettre de trouver l’amour de sa vie… Intégrée dans un petit disque électronique de poche muni d’un écran minimaliste, les utilisateurs échangent avec son coach intégré, une intelligence artificielle. Ce coach leur annonce la personne pour leur prochaine rencontre tout en répondant à leurs éventuelles questions.
Les rencontres proposées n’ont pas toujours pour but de déboucher sur quelque chose de sérieux, parfois même avec des personnes qui ne se révèlent absolument pas compatibles. Ceci afin que l’IA puisse analyser les émotions et comportements pour affiner le profil de l’utilisateur, et que l’application puisse calculer et trouver son « match » idéal (âme sœur) au bout du compte. Une fois qu’ils se sont rencontrés, les utilisateurs peuvent ensuite découvrir la « date d’expiration » de leur relation en direct sur l’écran de l’application, avec parfois de bonnes comme de mauvaises surprises…
Tout au long de l’histoire nous suivons Frank et Amy. D’abord intimidés par leur premier rendez-vous, une belle complicité nait rapidement entre eux, mais l’application ne donne que 12 heures à leur relation. Une fois donc contraints d’être séparés par le système, les deux protagonistes vont faire d’autres rencontres imposées par l’application sans jamais cesser de penser à l’autre…
Que leur réserve le Coach et jusqu’à quel point décideront-ils de suivre les règles ?
Anecdotes
- Charlie Brooker dit avoir conçu le « coach » de l’application de rencontres du film par analogie au service de streaming musical Spotify, imaginant ainsi un système offrant aux gens des « playlists » de relations.
- L’épisode possède plusieurs similarités avec un autre épisode culte de la série, San Junipero. Dans les deux on découvre finalement qu’il s’agit d’une simulation virtuelle. Cependant, Hang the DJ dévoile un indice lorsque Frank et Amy suggèrent que leur monde n’est peut-être qu’une simulation.
- Charlie Brooker n’était pas convaincu de vouloir une happy end, mais a changé d’avis notamment au vu des réactions positives sur la fin de l’épisode San Junipero.
- L’idée des 1000 simulations simultanées avait d’abord été envisagée pour l’épisode White Christmas (Blanc comme neige).
- Georgina Campbell (Amy) aura plus tard joué dans une autre anthologie télé, Soulmates (2020), où il est aussi question de science et technologie dans un futur proche, où une société du nom de Soul Connex est à même de déterminer l’âme sœur de quelqu’un avec une fiabilité de 100%.
- Selon la productrice exécutive Annabel Jones, Hang the DJ reflète l’état actuel des rencontres, et cette impression générale de solitude chez les célibataires.
- En 2019 un développeur américain avait lancé une application de rencontre similaire à celle de l’épisode également basée sur une intelligence artificielle, du nom de Juliet. Moins tyrannique que dans la série, elle se basait sur un questionnaire et sur les retours d’expériences.
Autour de l’épisode / A propos du tournage
- Les deux acteurs principaux auront passé des essais ensemble avant le tournage pour tester leur alchimie.
- Le tournage aura eu lieu au Soho Farmhouse à Oxfordshire, un village de vacances très cher où le concepteur de production Joel Collins avait assisté à une fête d’anniversaire. Un petit camion y transportait déjà les locataires entre leur cabine et les différents clubs et bars.
D’autres plans extérieurs auront été tournés à Painshill, un parc du 18è siècle dans le Surrey près de Cobham (toujours en Angleterre). - Le design géométrique du monde avait notamment pour but de ressembler à l’intérieur d’un téléphone mobile. En outre, les patterns géométriques et répétitions de motifs rappellent que nous sommes dans un monde simulé par algorithme. Enfin l’apparence ronde du Coach a été conçue afin de le distinguer du monde réel.
- Dans une scène, Amy donne un coup à Frank pour rire. Mais ce faux coup de pied ne se montrait pas réaliste. Le réalisateur demanda alors à l’actrice de donner un vrai coup à son partenaire, et le blessa même accidentellement. C’est cette scène qui aura été gardée au montage.
- Lorsque le monde virtuel se désintègre à la fin, l’équipe de production dit s’être inspirée du film de science-fiction de 2013 Under the skin.
Liens avec d’autres œuvres
Inspirations, thèmes similaires : de nombreux liens peuvent être vus avec d’autres œuvres de fiction, films, séries ou même livres.
Attention, cette partie comporte des spoilers sur les œuvres citées.
Osmosis (2019)
Dans cette autre série de science-fiction diffusée sur Netflix (8 épisodes), française cette fois (!), une application du nom d’Osmosis permet de déchiffrer le code de l’amour grâce à des puces implantées dans le cerveau des gens. Grâce à elle, il est possible de trouver à coup sûr l’âme sœur.
The Lobster (2015)
Dans ce film dystopique un peu fou du Grec Yórgos Lánthimos avec Colin Farrel, Rachel Weisz ou encore Léa Seydoux, Ben Whishaw et John C. Reilly, les célibataires sont tout bonnement pourchassés ! S’ils sont arrêtés, ils sont conduits dans un hôtel où ils ont 45 jours pour trouver l’âme sœur. A défaut, ils sont transformés en l’animal de leur choix. Un homme réussira malgré tout à s’enfuir et à rejoindre un groupe de résistants du nom de Solitaires.
Le film a été nommé à l’Oscar du meilleur scénario original et Prix du Jury au Festival de Cannes.
(Voir aussi notre article et analyse sur le film The Lobster)
The Good Place (2016-2020)
Série américaine de 52 épisodes avec Kristen Bell et Ted Danson, The Good Place (le bon endroit) raconte l’histoire d’Eleanor qui arrive dans un étrange endroit après sa mort. Ici, seules les âmes pures sont présentes, et se voient logées dans une maison idéale et personnalisée, avant de rencontrer leur âme sœur.
The Truman Show (1998)
Dans ce film salué par la critique, Jim Carrey croit lui aussi vivre sa vie dans la petite ville paradisiaque de Seahaven, alors qu’il ne fait en fait partie que d’un reality-show, observé en permanence par des millions de téléspectateurs à son insu. Tout ce qu’il croit être réel n’est en fait qu’un monde virtuel et généré par une machine.
1984
Tout comme dans l’œuvre intemporelle de George Orwell initialement publiée en 1949 (et adaptée en film), les personnages de Hang the DJ sont prisonniers du système (puisqu’ils sont obligés de rester des mois avec des personnes non-compatibles). Et eux aussi sont surveillés voire menacés s’ils ne se plient pas aux règles.
Quand Harry rencontre Sally (1989)
Dans ce classique des années 90 avec Meg Ryan et Billy Crystal, les deux protagonistes s’entendent au départ comme chien et chat (la seule différence Frank et Amy). Puis ils se perdent de vue et vivent leur vie respective, mais continuent là aussi de se rencontrer au gré du hasard. Bien qu’ils ne semblaient pas forcément faits l’un pour l’autre au début (comme dans Hang the DJ où le Coach ne leur donne d’abord que 12 heures ensemble), l’histoire montrera à la fin qu’ils le sont finalement vraiment.
L’agence (The Adjustment Bureau) (2011)
A l’instar de ce très bon thriller fantastique co-écrit par Philip K. Dick avec Matt Damon et Emily Blunt, les deux amoureux doivent se battre contre le système et se rebeller pour pouvoir finir ensemble à la fin, malgré les nombreux obstacles de l’agence qui fait tout pour les séparer, jusqu’à aussi les menacer.
Se dagens lys (2003)
Cette nouvelle de l’auteur danois Svend Åge Madsens également adaptée pour le petit écran est peut-être l’histoire qui possède la plus troublante similitude avec Hang the DJ.
Elef vit dans une société où chaque individu se lève chaque matin avec une nouvelle vie, maison, épouse, travail… Plus de routine ! C’est un ordinateur (Madame Data) qui contrôle tout cela. Mais un jour Elef tombe amoureux de Maya, et ils devront trouver un moyen de s’échapper du système.
Black Mirror
Eh oui, on peut aussi dresser des parallèles avec d’autres épisodes de la série ! Notamment l’épisode USS Callister (saison 4 également), où les personnages finissent par réaliser qu’ils sont prisonniers d’une simulation, avant de chercher par tous les moyens à se rebeller et s’enfuir de ce système.
Wayward Pines (2015-2016 pour la série)
Pour le même mur gigantesque qui entoure la ville et qu’il est interdit de franchir, même si personne ne sait ce qu’il y a derrière.
Seinfeld
Pour le râle de satisfaction de Lenny (après avoir bu son verre entre autres) qui fait écho à l’épisode 9 de la saison 5 (La masseuse) de la série comique Seinfeld, et à l’épisode 3 de la saison 8 (Larry et son nombril) où Susie produit le même râle exagéré.
Vous en voyez d’autres ? N’hésitez pas à réagir en commentaire !
Critique et Analyse de Hang the DJ
Pour quelles raisons « Hang the DJ » est-il devenu un épisode plébiscité et l’un des plus appréciés de la série Black Mirror ?
L’épisode est tout d’abord bourré de qualités, à commencer par un excellent casting et le jeu de ses acteurs (une constante dans presque tous les épisodes de Black Mirror il faut bien le dire). L’alchimie entre nos deux tourtereaux est palpable, on vibre avec eux, et on est frustrés lorsqu’ils doivent être séparés.
La réalisation est quant à elle quasi parfaite, propre, léchée, immersive. Chaque élément est à sa place et rien n’est laissé au hasard. Certains plans sont souvent lourds de sens.
Mais bien sûr et comme toujours avec Black Mirror, c’est son scénario à la fois captivant et dérangeant, divertissant puis qui donne à réfléchir, avec toutes les émotions qui s’en dégagent, qui font la force de l’épisode.
Bien évidemment lorsque l’on regarde Hang the DJ, on ne peut s’empêcher de penser immédiatement aux nouvelles applications de rencontres et de « matching » comme Tinder qui ont élevé les rencontres et même les autres au rang de produits de consommation. Le constat est d’ailleurs sans équivoque lorsque Amy semble se perdre et complétement se détacher d’elle-même et de ses sentiments, et se déshumaniser lorsqu’elle enchaîne les rencontres et coups d’un soir.
En dépit de sa critique toujours féroce de la technologie, Hang the DJ reste un épisode plutôt positif puisque tout est bien qui finit bien. Mais il dresse un constat toujours effrayant, avec ses notes orwelliennes : tant que l’on ne connaît pas le fin mot de l’histoire après le twist final, tout virtuels qu’ils sont, les personnages que l’on suit sont prisonniers du système (et même obligés de rester des mois avec une personne incompatible), et surveillés s’ils ne se plient pas aux règles.
Tout arrive pour une raison
En dépit de la fin heureuse pour nos deux amoureux donc (un happy end rare dans la série), Hang the DJ conserve cette ambivalence qui caractérise tant la série. En effet, même si toute l’histoire n’était donc que virtuelle, elle jette néanmoins un pavé dans la mare : et si cette simulation devenait la réalité ?
Avec une question qui en découle et qui mérite d’ores et déjà d’être posée : dans le futur serons-nous prêts à tout afin de trouver l’amour et d’être aimé, quelles qu’en seront les conséquences et obligations de ces futures avancées technologiques ?
Bien que cette fois dans le monde réel, la scène finale n’en devient finalement qu’une mise en abime, quelque part une nouvelle répétition de l’application qui se chargeait de tout dans le monde virtuel. Au final, les personnages réels en sont réduits à la même chose que leurs 1000 clones virtuels (bien qu’ils ne savent sans doute pas comment l’application a calculé leur compatibilité) : s’en remettre à une application et faire confiance à cette intelligence artificielle. Même si les deux sont faits l’un pour l’autre, la rencontre reste artificielle, et Frank et Amy restent aliénés à cette technologie.
La recherche de la perfection grâce à la technologie, et un assistanat devenu de plus en plus présent dans nos vies, font évidemment aussi perdre toute spontanéité et donc beaucoup de charme à la naissance de relations. D’un autre côté ladite technologie permettra certes aussi d’aider de nombreuses personnes qui n’y seraient jamais vraiment arrivées sans. La question est donc de savoir si ce futur possible des applications de rencontres pour célibataires sera quelque chose de positif, ou non.
En outre, une telle application aurait toujours son revers de la médaille : quid d’éventuels bugs ? quid des informations personnelles récoltées tout au long de ces 1000 simulations ? quid d’éventuels piratages ?
Au final ce sont The Smiths (dont la chanson a inspiré le titre de l’épisode pour rappel) qui pourraient conclure à merveille en guise de morale de l’histoire : « La vie pourra t-elle encore être saine d’esprit ? »
Trailer officiel et Bandes-annonces
Trailer officiel (en anglais) :
Bande-annonce en français :
Featurette :
Résumé complet et commenté de l'épisode
Un jeune homme (Frank) marche dans la nuit, arrive dans un grand centre commercial, et rentre dans un restaurant où il semble à la recherche de quelqu’un. On ne voit que des couples.
A peine installé à sa table, une jeune femme (Amy) arrive elle aussi et demande à son appareil électronique (Coach), une sorte de disque doté d’un écran, comment faire pour le reconnaître (on voit la vidéo du jeune homme).
Frank se lève pour saluer Amy non sans faire tomber sa fourchette. Le jeune homme est nerveux et avoue être stressé. Les deux s’avouent qu’ils utilisent pour la première fois « le système ». Cependant leurs premiers échanges sont détendus et quelques blagues fusent.
Pas le temps de choisir le menu, l’appareil leur annonce qu’il a déjà été choisi pour eux. Les serveurs arrivent même déjà. Ce sera pâtes pour elle et croquettes de poisson pour lui. Il demande s’il peut goûter son plat mais Amy est hésitante et demande si ils ont le droit (un vigile semble surveiller d’un œil peu sympathique).
Les deux proposent alors de consulter leur « date d’expiration », et saisissent chacun leur appareil. Les deux doivent le faire en même temps. Réponse du Coach : 12 heures. Frank et Amy trouvent ça court. Mais le compte à rebours est enclenché. Ambiance…
Un taxi autonome (une petite voiturette) vient les chercher (comme pour d’autres couples) à la sortie du restaurant, et les conduit dans un cottage à la campagne. Sur la route ils aperçoivent un gigantesque mur – Frank en fait d’ailleurs la remarque.
Frank et Amy arrivent devant une ravissante petite maisonnette. Le taxi repart immédiatement. Les deux découvrent un petit cocon très cosy, avec feu de cheminée, et une belle chambre… Digne d’un « love hotel » de luxe.
Amy s’en va aux toilettes et demande à son Coach ce qu’ils sont censés faire (sous-entendu : doivent-ils coucher ensemble maintenant). L’appareil ne comprend pas la question. De son côté Frank adresse la même question au sien. Réponse du Coach : « Il n’y a rien de prédéterminé, les partenaires sont libres de leurs actions. »
Au retour d’Amy, Frank se propose de dormir sur le canapé. Finalement le lit est assez grand pour les deux.
Lumières éteintes, toujours habillés, le couple éphémère discute :
« Ca devait être galère avant que le système existe (…) Les gens étaient obligés de faire tout le boulot eux-mêmes. Ils devaient chercher avec qui ils voulaient être. »
« C’est la paralysie du choix. Quand on a tellement d’options possibles qu’on ne sait pas laquelle choisir. Et quand ça ne collait plus entre les deux, les couples devaient se débrouiller tout seul pour rompre l’un avec l’autre. (…) C’est mieux quand tout est planifié. Tout est tellement plus simple quand on sait dès le départ où on va. »
Mais on sent malgré tout un certain doute dans ces paroles.
Entre rêverie, hésitation, moment de zénitude, les deux finissent par se prendre par la main. Les gros plans sur les visages et la musique ajoutent au côté à la fois triste et romantique à la fois.
Le lendemain matin. Frank et Amy sortent de leur maisonnette au numéro 473.
« Bon eh bien voilà c’est l’heure. (…) Merci d’avoir été mon premier. » (Parallèle avec l’innocence d’une première fois). Les appareils bipent, fin du compte à rebours. Les deux finissent par s’avouer leur attirance réciproque.
« On a laissé passer notre chance. »
S’ensuit un magnifique plan où chacun repart de son côté, dans son propre mini-taxi autonome.
On retrouve Amy pendant sa séance de jogging, qui dit à son Coach qu’elle ne voit pas comment on peut se faire une idée en si peu de temps. Réponses :
« Vos réactions, même sur une durée aussi brève, permettent au système de collecter des données qui lui sont très utiles. (…) Le système ne porte aucun jugement moral. »
« Votre alter ego 100% compatible n’a pas encore été sélectionné. (…) Le système affine ses calculs au fur et à mesure que les partenaires multiplient les rencontres. »
Amy : « Et le système trouve toujours le partenaire parfait ? »
Coach : « Dans 99,8% des cas. »
Le parallèle avec la vie réelle reste évident ici : on a parfois besoin de rencontrer différentes personnes avant de pouvoir mieux cerner ses envies, savoir ce qu’on veut, et avec qui on veut être (ou ne pas être). L’expérience donne ces réponses.
Chacun de leur côté Frank et Amy reçoivent en tout cas déjà un nouveau rendez-vous. Et retour au restaurant pour chacun.
Amy voit un homme séduisant entrer dans le restaurant et espère que c’est son rendez-vous. C’est effectivement le cas.
Lenny est plus guindé et plus sûr de lui que Frank. Amy semble en tout cas toute émoustillée.
La rencontre est moins enthousiasmante pour Frank, qui rencontre Nicola, une fille visiblement superficielle qui ne s’embarrasse pas de bonnes manières ni de tact. Mais surprise, la date d’expiration de leur relation est de 1 an, au grand désarroi de Nicola. Frank tente bien quelques efforts pour briser la glace mais se retrouve face à un glaçon : les deux sont totalement en décalage, et le mal à l’aise est palpable.
De leur côté Amy et Lenny consultent leur date d’expiration : 9 mois.
Retour au cottage pour les deux, où Lenny bien plus à l’aise avoue qu’il en est à 5 relations. Bien qu’ils aient donc 9 mois devant eux, ils couchent ensemble dès le premier soir, poussé par Frank qui le propose (Amy accepte rapidement).
Les nuits « torrides » de nos deux héros est diamétralement opposée. Tandis qu’Amy et Lenny prennent du plaisir, l’absence totale d’alchimie se poursuit au lit pour Frank et Nicola, qui lui reproche d’abord son haleine, puis se montre éminemment critique sur sa technique. « On dirait que t’essaies de remettre un tiroir à sa place. C’est d’un monotone. »
La lumière et la couleur des peaux, chaudes d’un côté et bleutées et froides de l’autre, retranscrivent bien la chaleur et la froideur des deux débuts de relation.
Tandis que Nicola dort, Frank rallume son appareil pour y voir toujours affiché 365 jours. Il fixe le plafond et exprime son dépit.
On retrouve Frank et Nicola se rendant à une cérémonie, toujours aussi peu assortis y compris vestimentairement. Il aperçoit alors au loin Amy en discussion avec Lenny.
Un jeune couple tout de gris vêtus, Edna et Mike, font une annonce à l’assistance depuis une estrade : « Gardez la foi, faites confiance au système, parce que ça marche vraiment. »
Presque aux allures de spot de pub, on ressent presque une ambiance sectaire.
Le soir Amy retrouve Frank au buffet. Frank manque de s’étouffer avec un amuse-bouche, s’ensuit alors une nouvelle discussion et des blagues entre les deux, la complicité est toujours là. En les voyant rire Lenny se joint à eux et Amy fait les présentations. Lenny reste froid et ne pipe un mot devant son « rival. »
Au moment de repartir de la soirée, Amy jette un dernier regard à Max dans la foule.
On la retrouve au lit avec Lenny endormi à ses côtés. Pensive, elle lui prend la main, comme si elle voulait ressentir quelque chose (ce qu’elle avait ressenti dans la même situation avec Frank lors de leur nuit).
Lenny se réveille et lui fait un cunnilingus, conclu par un râle de satisfaction comme s’il venait de finir un bon verre d’eau – râle qu’il refait un peu plus tard à cette occasion. Amy lui fait remarquer qu’il fait ce bruit très souvent. Elle commence à voir en Lenny certaines manies qui lui déplaisent…
On retrouve Frank et Nicola dans leur lit (elle est endormie). Il leur reste encore 5 mois.
Du côté de chez Amy, Lenny continue de faire son fameux bruit alors qu’il lui avait promis qu’il ferait attention. Elle consulte son Coach : encore 2 mois pour eux deux.
On sent que l’agacement des deux côtés devient difficilement supportable, et qu’ils comptent maintenant les jours…
Amy et Lenny bouquinent au lit, alors qu’il reste encore 7 semaines. La métaphore est claire : on passe le temps. Les lignes de la décoration au mur derrière le lit sépare clairement les deux personnages. Le « divorce » est consommé.
Encore 3 semaines pour Lenny et Amy, qui repasse devant le grand mur dans une voiturette.
On les retrouve enfin sortant de la maisonnette alors qu’il ne reste que 17 secondes. « C’était bien nous deux. » lance Lenny. Si Lenny semble montrer un regret, Amy elle ne demande pas son reste.
Son Coach propose déjà un autre partenaire et rendez-vous à Amy alors à sa séance de sport à la piscine.
Quelque temps plus tard on la voit se diriger vers le divan du restaurant, de dos, au ralenti, en mode robot.
Durée de cette nouvelle rencontre : 36 heures.
Le rythme de la narration s’accélère : à peine quelques paroles échangées, scène de sexe, et nous sommes déjà au matin de l’heure d’expiration. Les deux se quittent malgré tout souriants.
Nouveau rendez-vous avec un homme noir très athlétique. Pour 36 heures encore une fois. Amy observe les abdominaux de son rencart lorsqu’il se déshabille, mi-intéressée mi-absente. Amy semble toujours un minimum apprécier ces rencontres mais commence aussi à se montrer frustrée de ces aventures sans lendemain au moment où ils se quittent.
Et encore 36 heures avec un autre prétendant… A peine sortie du bungalow la sonnerie du Coach retentit, et Amy lève les yeux au ciel.
De leur côté, au bungalow 367, c’est enfin la fin de l’histoire pour Frank et Nicola ! Chacun attend la fin du compte à rebours très éloignés l’un de l’autre. Nicola décampe immédiatement sans même écouter le dernier mot que Frank voulait lui dire.
Frank interroge ensuite son Coach : « J’ai appris pas mal de choses en cohabitant avec quelqu’un que je méprisais. Ca va servir au système ou pas ? »
Le Coach : « Rien n’arrive par hasard. »
On retrouve Frank au restaurant, attendant son nouveau rendez-vous, l’air résigné. Surprise, Amy entre dans la salle. Les deux sont heureux de se revoir. « C’est trop beau pour être vrai. » « Je ne pensais pas que le système nous matcherais encore. »
Alors que Frank s’apprêtait déjà à regarder leur nouvelle date d’expiration, Amy lui demande qu’ils ne le fassent pas : « Le système a pas arrêté de me ballotter d’un mec à l’autre pour des histoires sans lendemain. Je sais bien que ces relations sont éphémères qu’elles ne veulent rien dire, mais à force je me sens de plus en plus détachée, comme si j’étais pas vraiment là. »
Frank : « C’est pas mieux pour les relations à long terme, c’est pareil, tu passes ton temps à regarder l’horloge, t’es comme un prisonnier à décompter les heures, les minutes. »
Amy : « J’ai connu ça aussi. »
Frank accepte de ne pas regarder la date, et les deux se serrent la main.
A ce stade on peut se poser la question : que se passerait-il s’ils dépassaient leur date d’expiration sans le savoir ? On a d’ailleurs vu par le passé que la porte du bungalow se fermait à clé à la fin du compte à rebours. Il est même drôle qu’aucun couple ne semble jamais vouloir aller à l’encontre de cette date jusqu’à présent, acceptant tous leur sort.
Ne sachant pas le temps qu’il leur reste, Frank et Amy décident de coucher ensemble cette fois, affichant toujours une belle complicité. Le premier baiser est torride, on sent qu’ils en rêvaient tous les deux depuis longtemps.
La scène de sexe est éludée et on les retrouve main dans la main, regardant ensemble dans la même direction, l’air réellement comblés.
En balade dans un parc, les deux tourtereaux commencent à débattre du système.
Amy : « Et si en fait tout ce que le système cherchait à faire, c’était de nous pousser petit à petit à en avoir marre ? Il nous propose des relations les unes après les autres pour des durées complétement aléatoires faites complétement au pif. Au fur et à mesure toi tu deviens un peu plus malléable, un petit peu plus blasé jusqu’enfin au moment où il te crache la proposition finale en te disant voilà c’est ton âme sœur. Seulement à ce moment là toi t’es tellement abattu, t’en as tellement ras-le-bol que t’as pas d’autre choix que de l’accepter. Tu te cases. Et après t’es condamné à vivre le reste de ta vie en essayant de te convaincre que t’as choisi tout seul comme un grand. »
Frank : « C’est le truc le plus déprimant que j’ai jamais entendu. (…) « Si le système sait tout ce que tu as dans la tête, est-ce qu’il pense lui aussi ? » Amy rit : « Et là tu vas me dire et si c’était seulement nous et qu’on était coincé dans une simulation ? » Frank : « Comment on le saurait ? »
De retour chez eux, entre regards amoureux et plénitude, Frank est assis dans le sofa et commence à être pensif en regardant son Coach. On sent qu’il veut savoir.
Les moments de belle complicité et d’intimité entre les deux se poursuivent, un bonheur simple et sincère… Depuis leur bain, Frank aperçoit encore l’appareil qui le tente sur le meuble, et il se plonge la tête sous l’eau. La tentation et la curiosité sont toujours là de son côté, tandis qu’Amy semble elle pleinement heureuse et insouciante à ce sujet.
Un peu plus tard Frank n’arrive pas à dormir, se lève et se saisit finalement du Coach.
« Coach, j’ai besoin de savoir. (…) La date d’expiration pour Amy et moi, j’ai besoin de savoir combien de temps on a. » Il hésite. « Toucher pour révéler » s’affiche. Il semble revenir à la raison du fait de leur promesse, hésite encore, mais… « oh et puis merde. »
5 ans s’affiche alors. Frank est perplexe mais alors qu’il esquisse finalement un sourire affichant un certain soulagement heureux, l’appareil affiche un recalibrage, et la durée passe à 3 ans. Puis elle descend à 18 mois. « Un seul partenaire a regardé, ce qui a déréglé la date d’expiration. »
En trahissant la promesse et la confiance, Frank a mis a mal leur relation. « Tout ça parce que je suis le seul à avoir regardé la date ? » Réponse du Coach, à nouveau : « Rien n’arrive par hasard. » La durée affichée de leur relation sur l’écran du Coach continue de fondre comme neige au soleil : 2 mois, 3 semaines… « on ne peut pas revenir en arrière. » 5 jours, 20 heures, puis c’est le début du compte à rebours.
Passé l’état de panique, Frank est dépité et a les larmes aux yeux. Il prend conscience de la terrible erreur qu’il a commise et qui vient de lui faire perdre 5 années de vie commune avec Amy. Tandis qu’il est dehors, la lumière bleue transcrit encore une fois ce moment triste.
C’est le matin. Amy se lève et voit Frank devant la vitre, l’air un peu hagard. Mais Frank ne dit rien. On ressent la même immense déception que lui.
Devant l’étang du parc, Amy fait des ricochets mais Frank est ailleurs, comme on l’est lorsque notre esprit est absorbé par de mauvais sentiments.
Les deux se rendent ensuite au centre commercial. Amy voit bien qu’il est préoccupé et lui demande des explications. Frank lui avoue alors sa bévue, au moment où il leur reste environ une heure.
Amy : « Pourquoi tu me l’as pas dit avant ? »
Frank : « Je voulais pas gâcher la journée.
– Ah parce qu’elle l’est pas là peut-être ? (…) C’est toi qui a tout fichu en l’air ! (…) Pourquoi il a fallu que tu regardes ?
– Je me suis dit qu’on pourrait peut-être dépasser tout ça toi et moi. (…) Parce que je tiens à toi. (…) Oui j’ai regardé mais c’est pas ça qui compte ! »
Amy est en pleurs mais Frank ne veut pas la perdre : « Ecoute on l’envoie se faire foutre le système !
– Et on fait quoi ?
– On saute de l’autre côté du mur. On se casse d’ici.
– Y’a rien du tout de l’autre côté !
– Comment tu peux le savoir ? »
Un vigile fait alors son apparition sur l’escalator derrière eux, avec un taser. Pour avoir simplement suggéré d’outrepasser le système, les choses semblent se gâter.
Amy s’en va, sous les regards froids et méprisants d’autres couples qui passent par là, mais qui semblent déshumanisés.
Frank est de retour au bungalow, seul et effondré. Il est aussi excédé contre le système et les réponses habituelles du Coach. « Tout refus de se plier au système, entraînera une exclusion. »
La question que l’on se pose : en fait, quel est le risque justement de cette exclusion ? De quoi s’agit-il ?
On retrouve Amy avec un nouvel homme, asiatique. On la sent triste et détachée. Encore une fois dans le lit elle prend la main de cet homme comme avec Frank puis d’autres.
La musique est grave, Amy est dans un environnement bleuté, Frank lui est dans le rouge le plus total tandis qu’il s’adonne à sa séance de squash.
Amy observe les hommes (et même une femme) de tous types s’enchaîner dans son lit, en spectatrice, complétement absente.
On retrouve Frank se confiant à sa nouvelle partenaire, avant qu’on ne découvre qu’elle est en fait en train de lui faire une fellation. Instant comique. « Tu pourrais peut-être me sauter maintenant, j’ai mal à la mâchoire. » Frank répond d’une manière là aussi complétement détachée : « Ouais allez viens. »
La scène est machinale pendant que les deux parlent de leurs histoires passées… « Ca te dérange si je fais comme si t’étais elle ? » Cela semble redonner immédiatement de la vigueur à Frank…
Au parc Amy n’arrive toujours pas à faire plus de trois ricochets, comme si elle avait atteint ses limites.
Puis au sortir de la piscine, surprise, le Coach lui annonce : « Félicitations Amy, votre partenaire idéal a été identifié. »
L’appareillement est fixé au lendemain, et elle « quittera définitivement cet endroit. »
Amy apprend par le Coach qu’elle ne l’a jamais rencontré avant. « Avant de procéder à l’appareillement, on vous octroie le droit de dire brièvement adieu à un individu de votre choix. » La réponse d’Amy fuse du tac-au-tac : « Frank. Je choisis Frank. »
Quelques instants plus tard :
« Coach ? » – « Oui Amy ? – « Comptez jusqu’à 4. »
Et elle lance l’appareil dans la piscine. Au quatrième ricochet (cette fois réussi), il coule.
Amy se rend au restaurant d’un pas décidé pour retrouver Frank, et l’embrasse fougueusement. Frank lui apprend que le système lui a à lui aussi programmé son appareillement pour demain. « Je veux pas de celle que le système a décrété pour être mon âme sœur. C’est toi que je veux. » – « Et moi c’est toi. »
Le Coach intervient alors : « Le refus de se plier au règles du système… »
« Est-ce que tu te rappelles où t’étais avant de venir ici ? T’as beau essayer mais t’y arrives pas pas vrai ?
– Non.
– Moi non plus. Pourquoi j’aurais oublié ?
– Il te teste. (…)
– Est-ce que te rappelles la première soirée qu’on a passé ensemble ? Comment tu te sentais ?
– Je me sentais en sécurité, comblé, à l’aise j’étais bien. Ca me semblait tellement normal. Rien à voir avec un truc figé artificiel. C’était comme si on se connaissait déjà avant.
– Comme si on l’avait déjà vécu et que la scène se répétait plusieurs fois. Des milliers de fois, encore et encore sans s’arrêter. »
Voici un énième indice sur le monde dans lequel nos deux héros se trouvent. En connaissance la fin on peut se demander : y aurait-il une mémoire résiduelle ?
« Si ce monde a affectivement joué avec nous depuis notre première rencontre, en essayant de nous éloigner l’un de l’autre, ça veut dire qu’on nous teste j’en suis sûre. Le fait que toi et moi on se rebelle ça fait forcément partie du jeu pour réussir.
– Ca veut dire qu’on doit tout envoyer balader
– Exactement tout envoyer balader et s’en aller d’ici.
– De l’autre côté du mur. »
Frank aura quelque part été l’initiateur de la rébellion, et Amy aura été celle qui aura tout compris. Encore une fois leur complémentarité aura payé.
Comme soulagés par leur décision commune, Frank et Amy sont cette fois décidés et prêts. Mais au moment de se lever, tous les regards des autres couples et des serveurs sont fixés sur eux dans un silence oppressant.
Un vigile arrive et pointe son taser sur eux. Mais Amy s’avance et neutralise le taser simplement en posant la main dessus. C’est alors que tout semble se figer dans le restaurant, le temps et toutes les personnes présentes. Amy et Frank s’enfuient au milieu d’un monde qui s’est totalement mis en pause. La musique s’associe à leur délivrance.
Frank et Amy arrivent au pied du grand mur, d’où monte vers le ciel un immense escalier fait de simples marches en métal. La montée est vertigineuse et semble périlleuse sans assurance. Mais une fois l’ascension entamée, nos deux tourtereaux progressent bien.
Alors qu’il sont déjà à une belle hauteur, les lumières de la ville s’éteignent alors et tout le décor semble s’effacer comme si des Langoliers dévoraient cet espace temps.
Frank et Amy se retrouvent alors dans un endroit étrange, avec d’innombrables copies d’eux-mêmes, chacune de ces copies de leur couple ayant au-dessus de leur tête un nombre à trois chiffres (998 pour eux). Tous les autres couples virtuels finissent par disparaitre en s’élevant dans une sorte de sphère bleue.
« 1000 simulations effectuées, 998 rebellions enregistrées » s’affiche. Puis « correspondance à 99,8% », qui s’affiche en fait sur un smartphone. C’est celui d’Amy (la photo de Frank s’affiche).
Sur le téléphone de Frank de l’autre côté du bar, c’est la photo d’Amy qui s’affiche avec ce même pourcentage. On note que les deux sont habillés assez différemment du look qu’on leur connaissait. Amy a un piercing dans le nez et Frank est habillé à la mode plutôt grunge.
C’est à cet instant que l’on comprend que toute l’histoire que l’on a suivie était en fait l’une des 1000 simulations de leur couple calculée par leur application de rencontres dans la vie réelle, où l’on se trouve maintenant.
Les deux se regardent et se sourient à distance, légèrement amusés, puis Amy commence à aller vers Frank, tandis que la sono joue la fameuse chanson « Hang the DJ. »